Une page se tourne à La P'tite Scène, une de plus. C'était hier quand Franck a pris l'avion. Une autre s'était tournée en juin, le 8 précisément. Quand Hélène s'en était allée. Une autre encore, il y a deux ans, déjà quand les Lebreton s'étaient envolés pour Nantes.
A l'origine de l'association il y avait trois couples. Les Lebreton, les Sayer-Damiron et les Gombaud. Il n'en reste plus qu'un. La roue du temps, la ronde du changement... la fièvre de l'ailleurs, la fuite en avant ou en arrière. Le temps qui défile, les routes qui bifurquent. Les sentiers qui vont encore un plus loin, à droite ou à gauche. On se rencontre, on se sépare. Toujours.
Hier Franck a décollé ! On n'y croyait plus, mais il a a franchi le dernier obstacle : la queue dans la file des départs, pour bientôt se faire scanner des pieds à la tête, attendre l'embarquement et embarquer. Pour Cithère ? Pour Toulouse ! L'avant dernier était plus coriace, la maréchaussée. Il n'est pas donné à tout le monde de partir en métropole en faisant un feu d'artifice !
Certes, ça ne sert pas à grand chose, une petite flamme sur un palmier bouteille. Mais durant les adieux, un quart d'heure après, on sentait encore la poudre noire dans le hall de Gillot. C'est pas si fréquent. Et on entendait encore, à condition d'avoir un peu de mémoire, le bruit des bouteilles de champagne qui ont méchamment lancé leur bouchon dans les airs. Jusqu'au plafond du hangar, jusqu'aux feuilles des fougères d'acier !
On était là pour le départ. Verser sa larme. Quelques poteaux pour la fête, quelques magots ou quelques dalonnes pour trinquer. Et quelques uns de plus, absents mais présents de coeur, comme Raynald depuis Mayotte, ou Bruno du Portugal. Ah ces globe-trotter... ah, ces sportifs en quête de la course parfaite, ces jeunes qui veulent du changement. De l'air. De l'ailleurs, même si c'est loin. De la ville et des spectacles, même si c'est pollué ou que le monsieur du fond n'arrête pas de tousser. Partez, d'accord, mais n'oubliez pas de revenir !
Une page associative se tourne à la Bretagne. La troupe perd son régisseur, expert en lumière, pas seulement en fumigènes. Spécialiste du transport de moutons et de cochons. Qu'est-ce que ça pue dans la fourgonnette par après, mais c'est un détail...
Tout n'a pas été conduit à son terme. Mais le boulot a été fait. On aura pas lancé de harengs ni de homards depuis le balcon de la bibliothèque, mais on y aura accroché la plus grande pinata de mémoire d'insulaire. On aura campé la nuit précédent la Fête du jeu pour protéger notre village. On aura enchaîné le troll furieux d'avoir perdu sa dernière mouche. On aura participé au concours de cris d'animaux. Et on aura monté les décors de Charlie, réglé le dématérialisateur, déclenché la tempête sur le fleuve de chocolat. On aura sculpté des animaux fabuleux avec Jacques. On aura fabriqué des sièges avec Christophe. On aura fait plein de choses, des p'tits riens. Mais qui comptent.
Souvenir. Juste un pour tomber dans la nostalgie des belles années qui s'enfuient déjà. Il fait beau, c'est à l'Hermitage, la fête de rentrée bat son plein. On mange, on boit, on parle. Il faut prendre des forces pour la compétition qui va bientôt se dérouler. Quand arrive, à l'improviste je vous dis, le maire ! Quelle bonne surprise, monsieur l'élu. Un discours ? si vous y tenez... on sait que vous allez louer l'esprit de l'association, les qualités du secrétariat et de l'économat, du primat et du quadra. Du fanta et du radada ! On n'a pas été déçu.
Appel est lancé à tous les couples qui de passage dans notre quartier voudraient se lancer à leur tour dans l'aventure et donner un coup de main, apporter une touche de folie. De l'envie, tout simplement. Et pourquoi pas des célibataires ou des trios ? Appel est lancé à toutes les bonnes volontés. Montrons à Christophe et Nathalie, à Hélène et à Franck que le flambeau est toujours allumé. Pour eux, pour nous;
Peut-être demain un nouveau mat de cocagne à la fête du canton ! Peut-être un nouveau festival du film de plein air ?
Peut-être un nouvel atelier théâtre adulte avec une soirée Dubillard, peut-être un sketch avec un clown qui refait une revendication contre les enfants ?
Peut-être de nouvelles buvettes, au Grand Marché, à nos spectacles de fin d'année, dans les grandes occasions du quartier ?
Muriel était là, au tout début de l'aventure. Contactée par Hélène et Franck pour lancer le premier cours de théâtre à la Bretagne. Quand ça ? Il y a quatre ans ? ou cinq ? Avec elle, puis d'autres, chanteurs, danseurs, comédiens, conteurs, on a fait du chemin. Et la famille qui s'est constituée va continuer à s'agrandir. Il suffisait d'une décision courageuse, d'un esprit d'aventure. Du désir de faire et de faire bien.
Bon vol l'artiste !
